STARETZ SOPHRONY DE MALDON
Archimandrite Cheroubim
Hormis tous ceux que j'ai cités jusques à présent, il est juste de mentionner plus particulièrement deux pères choisis, le sage hiéromoine russe Père Sophrony Sakharoff et l'ermite "violent" Père Gabriel.
Le premier vivait en ce temps-là un peu au-dessous de notre Kalyva. J'eus la bénédiction et l'honneur insigne d'en faire mon confesseur avec la bénédiction de mon staretz, quand le confesseur de notre groupe, Père Christophe, alla de Karoulia à la skite de Vatopédi.
Plus près de Père Sophrony, je découvris à quel point la vie de solitude et de prière enrichit l'âme. Je pus bénéficier de son savoir, de son expérience et de sa sainteté. La grandeur de cette âme m'avait captivé et je ne voulus plus quitter Karoulia, en dépit de toutes les nombreuses épreuves que je devais rencontrer étant jeune et novice.
Père Sophrony avait une prodigieuse éducation. Il connaissait plusieurs langues parmi lesquelles le grec, et plus particulièrement le grec ancien. Mais ce n'était pas son éducation qui me fascina. Sa vertu, son rayonnement spirituels et sa "culture" dans le domaine de la prière, m'attiraient plus que tout autre chose.
Il me décrivit les différentes façons de prier des ermites de Karoulia. Un de ces modes de prières qu'il utilisait lui-même, - qu'il me pardonne de révéler ce trait strictement personnel de sa vie spirituelle-, consistait en la répétition de la prière du Seigneur, "Notre Père", les bras levés vers les cieux.
Cette répétition se faisait lentement syllabe après syllabe, afin que l'intellect et le cœur puissent saisir et faire leur le contenu de chaque mot, pénétrer le plus profond mystère de cette prière que Dieu enseigna. Il commençait la prière à la nuit et la finissait au lever du soleil. Bien sûr, Père Sophrony pratiquait aussi la prière du cœur, mais il me fit connaître la première voie, avec le "Notre Père" aussi, comme une préparation et peut-être comme entraînement pour la prière parfaite, la prière spirituelle du cœur.
Père Sophrony est maintenant en Angleterre. Il est le fondateur du Monastère Stavropégiaque du Saint Prodrome dans l'Essex, près de Londres et il se souvient sans doute, comme moi-même avec nostalgie de la vie à Karoulia.